Le Domaine de Vavril : retrouver le paradis perdu

Le domaine de Vavril, niché au cœur du Beaujolais, a retrouvé sa splendeur d’antan grâce à la passion et aux efforts de Richard Brague. Ancien financier, il a transformé cette propriété historique en un refuge familial et un lieu prisé pour les événements, alliant tradition viticole et hospitalité moderne.
Au XVIIIe siècle, les nobles sont endettés à force de dilapider leur fortune en signe extérieur de richesse pour parader à la cour du roi. Et sont forcés de vendre certaines de leurs propriétés « à la découpe », afin de renflouer les caisses du royaume. Dans le même temps, la bourgeoisie s’enrichit, notamment dans la région lyonnaise grâce au commerce de la soie, dont la réputation est reconnue à travers toute l’Europe. Les grandes familles bourgeoises remplacent alors les nobles dans ces majestueuses demeures, entourées de vastes jardins et de vignobles, où chaque pierre représente, malgré elle, les prémices d’une révolution. Ces maisons sont des refuges où l’on se retrouvait en famille pour de longs repas sous les tonnelles. Elles sont le cœur battant, le lieu de rencontres, de rires et de souvenirs. Le domaine de Vavril, niché au cœur du Beaujolais, était l’un d’eux. Et depuis son rachat il y a une vingtaine d’années, le nouveau propriétaire n’a eu de cesse de tout mettre en œuvre pour retrouver la quiétude fantasmée de cette époque.
L’Aventure
Rien ne prédestinait Richard Brague à devenir le propriétaire d’un domaine historique. « Je travaillais dans la finance et je partais m’installer à Londres, mais je voulais garder une attache en France, » raconte-t-il. À la recherche d’une maison dans la région de Lyon, l’idée de reprendre un domaine viticole ne lui vient pas immédiatement à l’esprit. Il tombe pourtant sous le charme du domaine de Vavril malgré son état de décrépitude. Seules les vignes sont entretenues et le reste nécessite une rénovation massive. Mais peu importe. L’endroit lui plaît. Et tout le monde a beau lui dire qu’il est fou, que c’est une pompe à fric, qu’il n’aura jamais le temps de s’en occuper en habitant de l’autre côté de la Manche, il l’adore. Nous sommes en 2004, le marché de la finance se porte bien, c’est le moment de se lancer. « Naïvement, j’ai cru que c’était une bonne idée et ou que le vin allait payer l’entretien de la maison. »
Construit peu avant la Révolution, le domaine a une histoire riche, ayant appartenu à une baronne russe et à divers médecins lyonnais avant de tomber en déchéance après la guerre. Richard Brague est pris de passion. Il a toujours aimé l’histoire, et ce lieu en avait beaucoup à raconter. Déterminé à redonner au château sa splendeur d’antan, il entreprend une rénovation minutieuse. La maison nouvellement acquise, combinée à une activité viticole « amusante », permet, pendant les premières années, de replonger dans l’idéal des vacances d’avant-guerre rêvé par Richard. Cependant, la crise financière de 2008 change les choses et donne un grand coup de réalité dans les vacances de rêve de la famille Brague. « On ne pouvait pas continuer comme ça. Il fallait soit vendre, soit trouver une nouvelle source de revenus. » La décision est prise de louer la maison. Rapidement, les demandes affluent.
En réponse, Richard entreprend de nouvelles rénovations, malgré une période économiquement difficile. « Ce fut une de mes meilleures décisions, mais ça m’a coûté la peau, » se souvient-il. Avec une vue imprenable et des espaces magnifiques, le domaine commence à attirer une clientèle prête à payer pour des événements prestigieux. Initialement géré de manière familiale, le domaine se professionnalise progressivement, développant ses prestations et son équipe.
Les Vignes : une identité à préserver
Malgré les défis financiers, Richard décide de conserver les vignes, non seulement pour l’image de marque du domaine, mais aussi pour maintenir une tradition vivante. Bien que le vin produit sur place ne suffise pas à rentabiliser entièrement le domaine, il reste une part essentielle de son identité. « Les gens adorent se marier pendant les vendanges, et mes enfants adorent participer à la mise en bouteille, » explique-t-il. Produire son propre vin est non seulement amusant, mais permet aussi de soutenir une famille de vignerons dévoués à la qualité du produit.
Le domaine de Vavril n’est pas simplement une entreprise, c’est un refuge familial. « Chaque été, nous nous retrouvons ici, entre 20 et 30 membres de la famille, des amis venus du monde entier, avec des enfants de tout âge, » raconte le propriétaire.
« Vavril est redevenu un havre hors du temps. »
Les repas sont préparés par un chef, la cloche sonne pour annoncer les repas, et les rires des enfants dans la piscine créent un microcosme de la vie familiale d’antan. « Mes enfants préfèrent ces moments à Vavril plutôt que des vacances à New York, » dit-il fièrement. Des rénovations et plusieurs phases ont permis de redonner au domaine toute sa splendeur, de la maison principale aux terrasses en passant par les salles de réception. « Nous sommes constamment en train d’améliorer. »
Le domaine de Vavril est l’exemple éclatant de la manière dont un lieu chargé d’histoire peut renaître et prospérer. « Le vin, comme les mariages, crée de la vie, » conclut le propriétaire. « Il est essentiel que ces lieux continuent de vivre et de transmettre leur histoire, pas seulement comme des vestiges, mais comme des lieux de vie et de partage. » Aujourd’hui, Vavril est redevenu un havre hors du temps où l’histoire, la famille et la modernité se rejoignent pour créer des souvenirs impérissables.